Découvrez les secrets de fabrication des Ferrari

Vous ne le savez peut-être pas, mais Ferrari ne permet qu’à ses clients et ses sponsors de visiter son usine. Probablement parce que le mythe autour de la marque est tel qu’il serait impossible de permettre à tous les fans de visiter le deux petites chaînes de production. Chez Lamborghini, Pagani et Maserati, dont les usines sont très proches, vous pouvez visiter l’usine sur simple rendez-vous. Mais dans ces lieux vous ne trouverez pas la même ferveur, la même fièvre, que celle qui existe à Maranello. Vous n’avez qu’à traverser Maranello avec votre Ferrari pour vous en rendre compte et pour déplacer des dizaines de fans qui vous poursuivent avec leurs caméras et appareils photos. Si vous aviez la chance de pouvoir visiter l’usine Ferrari, que verriez-vous exactement ? Qu’apprendriez-vous ? Qu’est-ce-qui vous marquerait à tel point que vous le raconteriez plus tard ? Après une journée passée sur le circuit de Fiorano, voici en détails, comme si vous y étiez, la visite de l’usine Ferrari.

Le bus Ferrari existe bel et bien

Vous ne pourrez pas faire entrer votre Ferrari dans l’usine pour effectuer la visite : un bus Ferrari, avec des sièges baquets, vient chercher à l’extérieur le groupe qui a réservé la visite, ce qui vous permet facilement de passer d’un bâtiment à un autre. L’usine est actuellement en travaux pour installer deux nouvelles chaînes de production au dessus des deux existantes : pour des raisons de sécurité les allers et venues sont donc encore plus restreints et contrôlés. Ces nouvelles chaînes de production permettront d’augmenter les cadences de production pour atteindre le chiffre de 10 000 véhicules par an. Récemment je lisais un article indiquant que Ferrari avait produit 3 300 voitures en 1996.

Les meilleurs restaurants de Maranello

Dans notre cas, le bus Ferrari est venu nous chercher directement à la sortie du restaurant Montana dans lequel nous avions déjeuné. La plupart des pilotes et directeurs de la Scuderia Ferrari y déjeunent régulièrement, comme l’atteste les photos sur les murs. Cet excellent restaurant est plus proche de la Gestion Sportive de Ferrari, accolée au circuit de Fiorano, que le restaurant Cavallino de Ferrari, situé en face de l’entrée historique de l’usine, et vous y mangerez encore mieux. Au niveau du décor, le Cavallino est un must, et vous y croiserez peut-être comme moi au déjeuner Piero Ferrari, le fils d'Enzo, ainsi que Luca di Montezemolo, le président de Ferrari.

Avez-vous votre passeport Ferrari ?

Le bus vous dépose pour une première étape située dans le bâtiment hébergeant le centre d'étude des nouveaux modèles. Ce bâtiment est le premier situé à gauche si vous pénétrez par l’entrée la plus récente de l’usine. C’est un bâtiment récent, très aéré, dont vous montez les larges escaliers intérieurs pour arriver sur les toits. Là de l’eau et des galets font office de sol, vous donnant l’impression de marcher sur un lac. Vous marchez en fait sur des ponts de bois disposés au dessus de l'eau. Ils sont très zens chez Ferrari. Vous sentez de suite qu’il ne s’agit pas d’une usine comme les autres. Vous entrez alors dans une salle de conférence, pour voir un premier film sur Ferrari. Cela peut être un film sur l'histoire de Ferrari ou sur les modèles actuels, au choix. Avant de partir effectuer la visite des différentes zones de fabrication elles-mêmes, un passeport Ferrari à votre nom vous est remis, ainsi qu’une sorte de talkie-walkie, vous permettant d’écouter les explications dans votre langue au fur et à mesure de la visite. Comme dans certains musées. Ce passeport Ferrari, rouge évidemment, sera rempli à chacune de vos visites chez Ferrari, comme preuve de chacun de vos passages et de votre relation privilégiée avec la marque.

Une usine centrée sur l'homme

Le premier bâtiment que vous visitez se trouve juste en face : la fabrication des moteurs. Par l’extérieur vous accédez au premier étage, ce qui vous permet d’obtenir de suite une vision d’ensemble. Rapidement beaucoup de choses vous frappent, que vous ne trouvez pas dans les usines des autres marques. Le niveau sonore est très maîtrisé, bien moins élevé que dans d'autres usines. Les ouvriers ne travaillent pas en flux tendu, stressés par des cadences infernales. Ils sont en fait plutôt cools et souriants. Des plantes vertes, et même des arbres, poussent au beau milieu de l’usine, afin de maintenir un niveau d’hydrométrie correcte pour la fabrication des pièces, mais aussi pour participer au bien-être des ouvriers. L’espace et la luminosité extérieure très présente distinguent aussi cette usine. Des fontaines à eau sont implantées très régulièrement. Un marquage au sol est prévu pour se déplacer dans les bâtiments sans gêner les ouvriers. Les voitures mythiques de Ferrari sont exposées aux quatre coins du bâtiment, pour les ouvriers. Les modèls exposés sont même plus exclusifs que dans le musée Ferrari. Vous y trouvez, par exemple, la F355 du tour du monde 1997, la 612 ayant effectué cette année le tour de l'Inde, la 599 ayant traversé l'Amérique du sud un peu plus tôt, la Ferrari P3 victorieuse au Mans dans les années 70, une 250 GT SWB et d'autres modèles anciens, pour que les ouvriers n'oublient pas l'héritage prestigieux dont ils acceptent la charge.

Les moteurs Ferrari, Maserati et Alfa 8C

Le guide qui vous accompagne commente chaque partie, répond à toutes les questions et vous apprend, par exemple, que seul le vilebrequin du moteur est fabriqué en acier. Toutes les autres pièces des moteurs sont fabriquées en aluminium pour obtenir un moteur le plus léger possible. Vous assistez même au procédé utilisant de l’azote liquide à près de -200°C pour construire les soupapes. Cette usine fabrique les moteurs des Ferrari, des Alfa Roméo 8C et des Maserati, dont la culasse est bleue, quand celles des Ferrari est rouge.

La Ferrari California en avant-première

Vous visitez ensuite le bâtiment consacré à la peinture des carrosseries, situé contre le bâtiment des moteurs. Les carrosseries arrivent de chez Scaglietti, à Modène, qui est la propriété de Ferrari. Elles arrivent alors empaquetées, comme dans du papier cadeau. Il est un peu étrange de voir quelques carrosseries de 599 Fiorano, qui attendent en dehors le long du bâtiment. Comme pour le bâtiment des moteurs, vous accédez par l’extérieur aux étages. Cette fois-ci vous ne rentrez pas à l’intérieur : la chaîne est entièrement automatisée et les produits diffusés sont toxiques. Mais les grandes baies vitrées permettent de profiter du spectacle du ballet des robots qui renversent les carrosseries pour les tremper dans différents bains de protection anti-corrosion et d’apprêts, avant de les revêtir de leur couleur définitive. C’est à ce moment-là que dans la rue principale interne à l’usine apparaît la nouvelle Ferrari California, qui effectue quelques essais. Elle est parée de sa peinture de camouflage, grise avec des tâches noires, car elle n’a pas encore été dévoilée au public. Forcément, ce spectacle est encore plus fascinant, avoir le privilège de voir rouler la future Ferrari avant tout le monde, que celui offert par les robots.

Une rue déjà porte le nom de Kimi Raïkkönen

L’étape suivante nécessite de remonter un peu la rue principale pour découvrir le clou du spectacle : les chaînes de production des modèles V8 et V12. Chemin faisant, une superbe 250 GT SWB grise nous dépasse, en tests suite à sa rénovation par le département Classiche de Ferrari, ainsi qu’une F430 GT, réservée pour la piste. Ces deux modèles produisent un son magnifique et pourtant très différent. Nous passons devant la rue Kimi Raïkkönen, qui fait l’angle avec le tout nouveau restaurant d’entreprise de Ferrari, situé au beau milieu de l'usine. Toutes les rues de l’usine Ferrari porte le nom d’un pilote de Formule 1 qui a obtenu un titre de champion du monde avec la marque au cheval cabré.

Mais où sont donc les Ferrari ?

Vous entrez dans le bâtiment enfermant les deux chaînes de production actuelles par la double porte par laquelle les véhicules neufs quittent l’usine afin d'effectuer une cinquantaine de kilomètres de tests sur route ouverte. Certaines Ferrari réalisent plus de 50 kilomètres de tests, ce qui est encore mieux pour détecter d'éventuels problèmes. Le circuit comprend de la route et de l’autoroute, ainsi que les routes sinueuses de la Via Abbetone qui quitte Maranello en direction du sud. Vous rentrez donc par le bout des chaînes de production, et vous découvrez alors 4 ou 5 Ferrari à moteur V12 et deux fois plus de Ferrari à moteur V8 qui sont terminées et en phase de vérification. C’est l’occasion d'admirer différentes combinaisons de couleurs sur des véhicules flambant neufs. Vous n’en verrez jamais autant même dans une très grosse concession. Mais 10 ou 15 Ferrari, cela n’a rien d’impressionnant. Nous étions autant de Ferrari au cours de ce voyage depuis Paris. Vous comprenez alors pourquoi les délais sont longs et les stocks inexistants. Il n'y a même pas 30 Ferrari produitent chaque jour. La zone de tests et de stockage de l’usine de Lamborghini est bien plus impressionnante, à titre de comparaison, avec des dizaines de Lamborghini de toutes les couleurs présentes. Vous ne le verrez nulle part ailleurs.

Des chaines de production capables de mixer V12 et V8

La chaîne de production des Ferrari à moteur V12, 599 Fiorano et 612 Scaglietti, est parallèle à celle des V8, F430 coupés et cabriolets. Comme plus de V8 sont produits, dans la chaine des V12 se trouvent parfois une ou deux voitures à moteur V8. Elles sont alors à l’envers, moteur et donc l'arrière vers l'avant, de manière à ce que le moteur soit dans le même sens que les V12. La chaîne des V12 compte environ 32 postes d'intervention quand celle des V8 en compte 46. Chaque point d’arrêt sur la chaîne des V8 est moins long que sur la chaîne des V12. Chaque poste est prévu pour 45 minutes sur la chaîne des V8. Au final, il faut 3 jours sur la chaîne pour assembler une Ferrari 8 cylindres et 5 jours pour assembler une Ferrari 12 cylindres.

La tradition et l'innovation dans la peau

A l’intérieur de ce bâtiment, sur la gauche des deux chaînes de production se trouve l’atelier des selleries. Ce sont des femmes très majoritairement qui occupent ces postes, consistant à coudre et à appliquer manuellement les peaux sur les différents éléments intérieurs des Ferrari. Une machine découpe les peaux, commandée par un être humain, de manière à optimiser l’utilisation des peaux et générer le moins de déchets possibles. Il est intéressant, durant cette visite, de voir les différentes peaux suspendues les unes à côté des autres, permettant de voir les différents coloris proposés par Ferrari. C’est beaucoup plus parlant qu’en photo quand vient l'heure du choix, et toujours à titre de comparaison, vous n’y trouvez pas de couleurs vertes ou roses comme chez Lamborghini.

Un joli cadeau en souvenir

Etant partis de la plus récente porte d’entrée chez Ferrari, votre visite vous amène, en longeant la rue principale et en visitant la plupart des bâtiments, vers l’accueil, situé juste à droite de l’entrée historique. La visite est terminée, il est déjà 17 heures, et les ouvriers, comme vous, se dirigent vers la porte de sortie. En souvenir de ce moment inoubliable, il vous est remis un exemplaire du livre « La Ferrari 2008 », présentant la, marque en 2008, sous tous ses aspects. Toujours à titre de comparaison, aucun petit souvenir ne vous est offert en quittant la visite payante de Lamborghini, alors que Pagani vous remet une jolie photo sur papier glacé. Au final, cette visite était vraiment très intéressante et ces deux jours chez Ferrari ne peuvent que vous faire aimer encore davantage la marque au cheval cabré. Le troisième jour est prévu pour visiter les usines Pagani et Lamborghini. Qu'y aura-t-il d'inoubliable à y découvrir ? Qu'est-ce-qui fait leur exception ? Ce sera l'objet des prochains articles.

Les appareils photos étant interdits lors de la visite de l’usine, comme chez tous les constructeurs, ce sont des photos prises autour de l’usine qui illustrent cet article : musée Ferrari, entrée de l'usine et restaurant Cavallino. Une vidéo prise par "What Car" permet de mieux situer ce qui est décrit dans l'article.

Un grand merci au concessionnaire Ferrari Pozzi à Levallois pour avoir rendu ce voyage possible, ainsi qu’aux participants pour les bons moments passés ensemble.

Aimeriez-vous visiter l’usine Ferrari ? Quels détails supplémentaires souhaiteriez-vous connaître ? Avez-vous déjà effectué cette visite et si oui qu’en avez-vous retenu de votre côté ? Qu'est-ce-qui vous a marqué ?

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